lundi 13 mai 2024

Joy Dary - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 11 mai 2024

 Joy Dary - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 11 mai 2024

michel

Quoi, Peta ne veut plus aucune insulte contenant un nom d'animal.

 T'es con, gars, , la morue en fête, c'est pas une injure, c'est une fiesta qui dure 4 jours!

Hier, on avait opté pour Pandapendu et Dear John, aujourd'hui on a choisi Joy Dary

Quand The Sunvizors décident de prendre une pause,  leur chanteuse se lance dans l'aventure solo, d'abord sous l'identité JOY, malheureusement déjà exploitée par mal d'artistes, puis sous la signature Joy Dary.

Elle s'éloigne de l'univers reggae pour tâter de la soul pop à la française, un genre pratiqué par des gens tels que Tété, Sowge ou Kimberose.

Joy vient de sortir l'EP ' Fragment'  qui succède à une série de singles, le premier ' Black Hole' embrassant un mode raggamuffin, comme lors des débuts de Selah Sue.

Ce soir la chanteuse, au look  que tu t'obstines à comparer à Joan Armatrading ( plus jeune),  est accompagnée par  Ronan Despres à la batterie et Loïc Loew aux claviers, à la basse et au programming.

Ronan peut exhiber un bristol rutilant: Alan Stivell, Cut The Alligator, Mohican , Dounia,Xy et bien d'autres ..., quant à Loïc, il est non seulement producteur et vidéaste , mais il s'active également avec  Mohican, 

Le trio entame le set avec  'Lueur'  , du French neo  r'n 'b, ensoleillé, au groove nonchalant, convenant parfaitement à la météo estivale que connaît le Goëlo  depuis une semaine.

'Entièrement nous'  chante la tolérance.

 Loïc, après avoir lancé les bandes, a abandonné les claviers pour manier une basse, Ronan nous la joue tout en sobriété et  la voix chaude de Joy, qui déambule sur le devant du podium,  se fond habilement  sur l'accompagnement sonore.

Des rapprochements à proposer?

Les dernières compositions d'Isia ou de Santa ( ex Hyphen Hyphen). 

Pour Jean Gabin, 'Maintenant, je sais', est  entamé en piano/voix, avant d'entendre Ronan tapoter timidement un drumpad.

Il sera plus résolu pour introduire 'Les sentiments, tandis que  la basse gronde , Joy ramasse une guitare, place quelques riffs secs, puis  nous chante..  le bruit des portes qui claquent... et nous pose un problème, était-ce on s'en lasse ou on s'enlace, une  affaire d'atmosphère.

Quelques gimmicks électros viennent décorer la chanson, la guitare s'agite méchamment, reverb et chambre d'écho transforment la voix.

Un titre percutant qui précède ' Bleu'  toujours soutenu par une guitare électrique, qu'elle troque contre une acoustique pour proposer ' Les pinceaux', un morceau sensible  qui aborde le thème des voyages et la recherche de son identité.

Paul Gauguin est fan!

D'un côté, t'as les claviers liturgiques, de l'autre le drumming électronique laïque et puis tu as Joy Dary  qui se pose des questions. 'Pas la même'  sonne comme les titres les plus dansants d'Axelle Red et devrait faire un tabac.

Binic s'échauffe et  entame un pas de danse .

Retour au calme avec ' Coup de vent'  qu'elle joue à l'acoustique, cette jolie  ballade folky,  intimiste, a été composée pour sa maman.

Le single ' Juste un peu d'eau'  pétille comme un Schweppes/vodka/jus de pamplemousse, il précède le dernier titre d'une setlist qui mentionnait 'Allure', pas entendu, 'A l'aube' nous emmène à la Réunion.

Elle a déniché un  burned wood and Nile grass rain maker shaker, le secoue énergiquement, heureusement les nuages n'ont pas éclaté, pas de pluie à l'horizon. Une grande partie d'un  public, conquis par les rythmes chaloupés de ce titre exotique, s'est trémoussé avec grâce.

 

Le trio s'éclipse, Binic le rappelle et aura droit à une seconde version du morceau pictural ' Les Pinceaux'.

Un concert sympa! 






 

dimanche 12 mai 2024

Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024

 Dear John - La Morue en fête , place Le Pommelec, Binic, le 10 mai 2024

michel

Qu'il est long, qu'il est loin, ton chemin, papa... Joe, t'exagères, de la Place de la Cloche à la place Le Pommelec, tu comptes au maximum 5', même si les quais sont encombrés!

Le temps de boire un truc, de saluer un dandy monkey à la sono, et Dear John est sur scène.

Non, pas Taylor Swift, Binic n'est pas la Défense Arena, le cachet de la superstar devrait permettre d'organiser le festival pendant au moins 20 ans.

Chose étrange, Dear John, ce sont quatre filles, qui ont décidé de faire du bluegrass, comme dans les Appalaches, il y a un siècle.

Anaëlle Trumka (fiddle, vocals) - Morgane Labbe (double bass vocals) - Léna Rongione (banjo, vocals, flatfoot dancing) - Valentine Lambert (guitar, vocals), sont les membres actuelles d'un combo créé il y a quatre ans.

Anaëlle Trumka ( ou Anahïta Trumka) de Paris, sévit au sein de Iko Iko Blues et se produit sous son nom, Morgane Labbe de Rennes est citée chez Les Bubby Mayse et Les Pieds dans le Bal, Valentine Lambert, de Chartres, émigrée à La Rochelle , se produit sous son nom et l'émule de Fred Astaire, Léna Rongione, de Rennes, joue avec The Sugar Family, Naowel et Bow Knee and Claw.

Bonsoir Binic, on commence avec une histoire de cowboy ( elles n'ont pas mentionné John Wayne), ' Something Above Our Head' , le fiddle caracole, la contrebasse et l'acoustique assurent le tempo,  Anaëlle s'occupent des lead vocals, les copines se chargent des backings.

Tout baigne, puis quand le banjo se lâche,  ta voisine, déjà corrompue, bat le sol du talon, un mouvement brusque la voit déverser sa mousse sur ses dancing shoes du vendredi.

Elle a émis un 'Shit' qui n'a rien à voir avec la weed.

Les voix entonnent un bourdon, puis Valentine entame ' Good  Ol' way' au chant.

Les premiers yeehaws fusent quand la mutine Léna se paye une séquence de tap dancing fougueuse.

'Dear Maggie' is a poor little girl souffrant d'un chagrin d'amour, qu'il faudra noyer dans la boisson.

Tu le sais l'alcool réduit l'inhibition, visiblement les filles sur le podium  ne sont pas coincées.

Face à la scène, l'ambiance est montée d'un cran.

Le 'Boll Weevil' (anthonomus grandis) cause des ravages dans les champs de coton,  même Eddie Cochran a chanté les méfaits de cet insecte, à Binic c'est Anaëlle qui a fait impression en entamant une séquence de yodel, à faire pâlir toutes les Tyroliennes du coin.

On quitte la Virginie, John Steinbeck et  Bernard-Marie Koltès,  pour s'entretenir de sororité, un sujet pas vraiment actuel  aux USA dans les années 30. Voilà,  'Sisters' , une romance country.

Les ( fausses) soeurs  abandonnent leurs instruments, se placent à quatre derrière un micro vintage et proposent, a capella, une suite de gospels, 'When I wake up' ( to sleep no more) et ' Bring Me Little Water, Silvy', attribué à Leadbelly.

Les filles ont fait grosse impression en battant des mains et en se frappant les cuisses et la poitrine, pour chanter en  harmonies divines.

'Four Spirits' et son fiddle fougueux n'a pas calmé l'enthousiasme de l'assistance, ' Greasy coat' , déniché dans les Appalaches ,  a mis le feu.

Morgane amorce ' Cumberland gap' , un col célèbre pour les combats s'étant déroulés  dans le coin pendant la guerre de Sécession.

Valentine: la suivante  a été écrite par mon papa dans les eighties , si la setlist mentionne ' Lost Star', la guitariste a annoncé  'Every night, every day'.

On grimpe tous dans le steamboat sur le Mississippi,  vitesse annoncée 3 noeuds  en une heure, si tout va bien, ' Roll on muddy river' .

 Ai comme l'impression que je ne verrai pas dans l'immédiat le bébé qui m'attend dans le Tennessee.

Voilà le voyage se termine, this is our last song, ça tombe bien, elle s'intitule ' Last song'.

Une composition allègre, dont le couplet est repris par la foule. Les filles ont eu la bonne idée d'introduire 'Will the circle be unbroken ?' dans les lyrics , ce qui nous ramène vers le fabuleux Nitty Gritty Dirt Band qui avait enregistré le titre sur l'album du même nom ( 1972).

Ce concert tonique donné par des virtuoses, toutes dotées d'une voix radieuse, demande un bis.

OK, si vous bricolez une chenille!

Marie- Thérèse agrippe ta conjugale, tu prétextes un accès soudain de rhumatismes, elles embrigadent 79 volontaires, c'est parti en farandole jusqu'au port, tandis que Dear John balance le medley 'Worried man blues' / ' I saw the light' .

No more darkness, no more night, le Seigneur a entendu nos prières!

Euphorie générale et une dernière a capella, 'Timber Bridge'.

Nota Bene: Dear John a lancé une campagne de financement destinée à enregistrer un nouvel EP.

Le lien: https://fr.ulule.com/dearjohn_nouvelalbum/?utm_campaign=presale_184402&utm_source=shared-from-Ulule-project-page-on---http.referer--&utm_medium=uluid_5718130-post-202405070710&fbclid=IwZXh0bgNhZW0CMTEAAR3D5_kF15LLX22t7feFq0FJdNjeFOtUF05uX37J8bRgdPMBEFPXiqDYHMA_aem_AcrZLKI0SDmTRJ-8pD3oW19BmmLz0fyfbAW9oYEpP654lKPzrUZTn6baVLZuEf-Yxn6_UA4dbfzlZOO5PlILIema



 








samedi 11 mai 2024

Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024

 Pandapendu ( solo) - La Morue en fête , place de la Cloche, Binic, le 10 mai 2024

michel

 

Après bien des péripéties , La Morue retrouve son cadre initial, le port de Binic.

Du 9 au 12 mai, tu peux non seulement déguster des accras, admirer des rafiots, fabriquer des cordages, traire des goélands, assister à des conférences, te cultiver en visitant le musée, te débarrasser de tes gosses en les envoyant sur la grande roue, chanter avec les marins, te taper des coups de soleil, déambuler avec des fanfares,  boire avec plus ou moins de modération et....  écouter de la musique.

Arnaud du Chaland qui Passe, toujours aussi actif, a installé un podium sur la Place de la Cloche où plusieurs groupes sont programmés, avec quelques fois des surprises pour la scène ouverte, car ce soir Pandapendu a répondu à l'invitation de son copain.

Pandapendu en formule réduite car si Grégory et Thomas sont bien présents, ils se contentent de picoler à l'aise en terrasse en laissant Yann se débrouiller tout seul avec sa guitare et ses machines.

Casquette vissée sur le crâne, le panda barbu, gratte quelques accords de guitare, la sono envoie les bandes lui permettant d'interpréter ' Vaporise' , un titre brumeux , dispersant de fines gouttelettes de dream pop éthérée.

... I'm the one with lipstick on... chantonne -t- il pour introduire '  l'Ange' , ce ne doit pas être Francisco Pino Farina, alias l'Ange Blanc, le catcheur ne se maquillait pas.

Il délaisse la guitare pour entamer 'Ruskov' le titre préféré des Platters,  à cause de la fumée dans les yeux.

Le public, au départ  pas très impliqué, commence à se trémousser et admire la voix de crooner velouté du nounours.

' Falling in love with you' et son petit côté Korgis  a ému madame qui a souri en entendant le tube irrésistible   ' Pyjama' .

Sur le premier EP, ' My tragi-comic mystery'  est idéal pour danser le tango synthétique .

Puis vient le titre en accord avec la météo, ' L'été' / ' Summertime' , moins carefree que ' In the summertime' de Mungo Jerry, mais idéal pour inviter ta petite amie à danser le slow.

Flotter en apesanteur entre 'Paris ( et) Londres' , c'est possible en écoutant Pandapendu.

C'est fun, un panda qui danse tout seul, pas tout à fait comme Gene Kelly mais presque aussi bien que Baloo.

Voilà ' Fajitas & parasol'  , il  met le texte en pratique ... je descends dans l'arène... et quand un panda sort de sa cage, t'as intérêt à faire gaffe, il n'est pas à une fantaisie près...  flatter la joue d'une jeune fille, pincer un nez, draguer une mamie...

Il y a un drame à l'horizon,  susurre le petit ursidé,..  I get so lost in your game... , finalement, elles sont   fragiles, ces petites bêtes!

Binic, c'est la dernière,  je tire ma ' Révérence' .

Polisson, le clown triste,  quitte le podium, s'approche de Madame Martin, lui prend la main et l'entraîne pour un pas de danse,  qui a fort amusé Monsieur.

 

Pandapendu en solitaire,  sans Thomas et Grégory,  peut surprendre , mais  le côté doux rêveur  et la voix enchanteresse de Yann  rendent la formule plaisante.






vendredi 10 mai 2024

Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic blues Festival, le 9 mai 2024

 Alex Mirey & Little Chris - La Cambuse - Kermouster ( Lézardrieux) lors du Trieux Tonic Blues Festival, le 9 mai 2024 

michel

Edition 16 du Trieux Tonic Blues Festival, du 9 au 11 mai, Lézardrieux et les communes proches, vivent à l'heure du blues.  Des concerts gratuits dans les bars et le jeudi, salle Georges Brassens , de gros noms le vendredi et le samedi, avec, e a , Elliott Murphy et Boney Fields,  pas de quoi broyer du noir!

15:10, en voiture, direction La Cambuse à Kermouster, un endroit idyllique avec vue sur l'embouchure du Trieux et sur  l'île de Bréhat. 

Après quelques démêlés juridiques, le bar-épicerie  revit et attend le duo Alex Mirey & Little Chris sur sa terrasse.

Les amateurs de blues de la presqu'île de Lézardrieux et de bien plus loin, on a vu un gars de Bled ( Slovénie) et un autre, très sobre, venant de Bourré (Loir-et - Cher), sont venus en nombre et comme tous les sièges avaient été rapidement pris d'assaut, ils étaient des dizaines à suivre le concert depuis la rue ou depuis la prairie,  avec vue sur les flots bleus ( ce n'est pas un camping!).

Little Chris ne mesure pas un mètre 90, il arbore une casquette de prolétaire et manie la six cordes avec dextérité,  son copain, le Normand Alex Mirey, assis à 50 cm de lui,  a droit à deux guitares , on a admiré une Ibanez flamboyante.  Il s'est fait piquer ses santiags par un copain de Renaud  et c'est donc pieds nus qu'il frappe du talon sur une planche en bois, sous laquelle se cache un système d'amplification rudimentaire,  les orteils  s'activant sur un pédalier basse, histoire de rythmer leur blues.

Tu veux davantage de détails biographiques, tu relis la chronique de Pascal qui les a croisés à Art Bist'Rock en 2022.

Un seul enregistrement officiel, l'EP ' Toad' de 2019, un vinyle introuvable a été gravé lors d'une prestation au Brin d'zinc à Bernay.

Pas de setlist en vue, mais un cahier  contenant une centaine de feuillets, reprenant les compositions du duo et une ou deux reprises, si tu veux des titres, tu prends contact avec Alex.

L'instrumental  ( très Tony Joe White), utilisé comme soundcheck  laisse d'emblée  entrevoir de belles perspectives  et avant d'entamer l'exercice, Alex décide de dédier le concert à Denis Cook, le leader de Blues Power, décédé il y a quelques jours.

Un premier titre ( ? Slow Down?)  joué laidback, à la JJ Cale,  est lâché, la voix est rêche, les riffs des guitares  sont bruts et énergiques.

Le midtempo ' Pull those strings' nous conforte dans le sentiment d'avoir face à nous des gens qui connaissent leur job et le pratique avec enthousiasme.

Little Chris régale l'assistance d'un solo lyrique en mode Gary Moore,  tu te mets à tracer un parallèle avec le blues pratiqué du côté de Gand par Guy Verlinde , un gars appréciant les chemins poussiéreux et les moustiques sévissant dans le Delta de l'Escaut.

'You used to' adopte un rythme plus soutenu, la rhythm guitare bien   sèche faisant écho à une lead fluide.

D'une voix granuleuse, Alex amorce ' Are you lost'  , suivi par 'Bodily Comfort'  qui n'est pas une pub pour l'Oréal, mais un blues rugueux et fébrile aux relents Bo Diddley.

La wah wah rugit jusqu'au coup de frein intempestif  qui termine la plage.

Alex ramasse  l'Ibanez , passe un cylindre autour de l'annulaire, c'est parti pour un long instrumental qui se fond dans un morceau lent  nous invitant .... to get ready for the future.

Comme le futur est derrière toi,  t'as décidé d'avaler une Britt.

Je caille, clame Chris, alors que  la t° au soleil dépasse les 20°, j'enfile un sweat.

Son copain balance quelques accords sonnerie de  grelots, la casquette nous concocte un nouveau solo lumineux...one of these days I will go away... grogne la voix, les pieds battent le bois avec fureur,  la wah wah résonne jusque dans l'Essonne. 

Encore une pièce bien torchée.

Après un country blues,  accompagné aux fingersnaps par Josselin,  qui a réussi à gêner un couple de mouches en train de copuler, Alex annonce ' Dead man walking' ( sur l'EP le titre, au tempo soutenu,  sonne 'Walking Man') .

Sean Penn a adoré le morceau , le gars se dirigeant vers la chaise électrique un peu moins.

'Hitchhiker ' , quand il pleut, c'est la galère, aujourd'hui ça va, mais comme il passe une vieille Ford toutes les cinq heures sur cette route perdue, on lui souhaite bonne chance.

Feuille 18,  intro en arpèges mélodieux,  suivie d'une séquence agressive, puis retour au calme  pour placer un solo à la Peter Green,  qui joue pour les anges, là-haut in the sky.

'Shy man' , ' Countryside' , puis un histoire de poulets se succèdent.

Un conseil, make your own mind... la compo jouée à l'arraché vient secouer une brave dame assoupie sous le soleil.

L'heure du  blanc ( oublie le Muscadet) , tuning oblige, Médor, un caniche mélomane,  étonné de ne plus entendre les guitares, précède, en aboyant,  l'intro ciselée de Chris, à l'arrière un bruit incongru retentit,  la chaise de Fabienne a rendu l'âme, la malheureuse s'étale sur le pavé, coup de bol, sa bière est intacte.

On la ramasse  et le duo  entame un slow  blues tout en arabesques et broderies délicates.

Un coup d'oeil à Swatch, incroyable, ça fait 2 heures qu'ils jouent, le premier  concert  à la salle Georges Brassens doit débuter dans moins de trente minutes, allez, sans attendre une dernière ' Don't start' ,  un  titre bizarre car le concert tonique, donné par deux  gars inspirés,  généreux et talentueux,  se termine.

 

 

 

 


 








mercredi 8 mai 2024

Bon Enfant au Barbe, Plouha, le 7 mai 2024

 

Bon Enfant au Barbe, Plouha, le 7 mai 2024
 
michel  

 2 jours de travail et 5 jours de congé, tu ne rêves pas, ce mardi 7 mai  annonçait un week-end étiré, les clients du Barbe l'avaient bien compris et se sont dirigés en masse vers le zinc de Plouha pour assister au concert de Bon Enfant, un gosse pas forcément sage.

Bon Enfant, disco-pop-psyché, disait le flyer, ceux qui étaient venus  pour la première partie de l'étiquette en furent pour leurs frais, car les gens de chez Bon Enfant ne sont pas les rejetons de Denise McCann.
Deux filles, trois garçons, constituent le collectif de Montréal, actuellement en tournée européenne:  Daphné Brissette au chant et shakers,  Guillaume Chiasson ( 1m 95 déchaussé) à la guitare et  some backings ,  Étienne Côté  à la  batterie et backings,  Mélissa Fortin aux  claviers (  trois pièces, dont un antique Farfisa) et secondes voix  et Alex Burger (  Alex Beauregard)  à la basse.
Tous ces jeunes gens ont un passé musical:  Ponctuation et  Jesuslesfilles pour Guillaume, Canailles pour Daphné, Etienne  et Mélissa, Caltâr-Bateau et son propre projet Alex Burger, pour Alex.
Le groupe prépare un troisième album qui doit succéder à  'Bon Enfant' de 2019 et 'Diorama' de 2021.
 
Etienne, qui d'après un voisin se paye un look  Harpo Max, donne le signal du coup d'envoi en martyrisant caisses et toms, Guillaume le rejoint et ajoute quelques accords de guitare soignés, puis la basse et les claviers entrent dans la danse, Daphné, patiente, attend son tour en se trémoussant. Alors que la setlist mentionne 'Diorama' comme premier titre, le groupe, versatile, a opté pour ' Aujourd'hui' qui justifie pleinement le trait 'psychédélique'  .
Un bridge instrumental nous plonge dans un univers sixties/seventies, une époque bénie  où tu pouvais cueillir des fleurs dans les champs sans être verbalisé,  et pas rien qu'à San Francisco.
La 'Porcelaine'  de Bon Enfant est plus sautillante, en mode pop soignée,  que le ' Porcelain' de Moby, plutôt planant.
Pas de temps mort, Etienne, on nous dit qu'il est fan du Steve Miller Band, a déjà enchaîné sur la suivante, 'Pâte à biscuit', l'orgue de Mélissa virevolte, trois voix entament le refrain, tandis qu'une guitare lyrique répond  aux claviers.
Moins calorique que le  kouign-amann, le biscuit fond dans les oreilles comme une friandise pop,  délectable.
Des effets fuzz  nébuleux amorcent 'Insomnie' , une longue plage très acide ,  partant en jam après 3 minutes.
Le Grateful Dead n'est pas loin, le côté Québecois s'entend grâce au timbre de voix Louise Forestier de l'expressive Daphné.
Mélissa a ramassé des  wooden blocks qui traînaient sur le Farfisa, Daphné a saisi un tambourin,  puis entame un chant presque slammé tandis que le pied droit de Guillaume écrase la pédale wah wah, la basse et les drums groovent à l'unisson pour nourrir un  titre, sans doute  not recorded yet, il s'intitule 'Passion rock' d'après la setlist.
Le solo cinglant proposé par Guillaume  lorgnait du côté  heartland rock  , à l'opposé de la scène, les claviers de Mélissa cisaillent la mélodie de stries qui ont fait dire à Ray Manzarek, I love that girl!
'Chagrin d'amour' démarre sur de gros riffs à la ' Smoke on the water', les claviers tempèrent l'ardeur de Guillaume en sucrant le breuvage , la voix, enfantine,  pour le coup,  va transformer les sanglots en larmes de joie.
'Trompe- l'oeil' est sorti le mois dernier . 
La section rythmique ronronne comme un matou amateur de Prince , les filles donnent le tempo en tabassant,  l'une,  une cowbell ramassée dans un pré, l'autre un tambourin pas bourrin, le riff de guitare lie la sauce, Le Barbe se trémousse.
Après une courte interruption, afin de régler un problème technique au niveau de l'ampli de la basse, le groupe reprend le fil, avec ' Aire de plastique'  , un hymne  pop déchiré par un solo de guitare acéré.
Tu veux de l'addictif, tu écoutes  l'impétueux  ' Ciel Bleu'  qui t'invite à aller danser sur la plage .
Pendant ' Magie', le Farfisa de Mélissa déconne, elle lui refile trois baffes et comme par magie, la machine reprend du poil de la bête pour sonner comme le fabuleux Mark Stein du Vanilla Fudge.
Pour Elon Musk, Jeff Bezoz et Richard Branson voici  ' Astronaute Amateur' , une plage tourbillonnante voyant Daphné,  qui n'avait pu se payer une place dans l'engin spatial des multi-milliardaires, sauter sur une enceinte pour prendre de  la hauteur, à l'arrière,  Etienne se paye une petit solo musclé, les claviers picotent, la basse grogne et Guillaume renoue avec les effets wah wah.
Du psychédélisme spatial  qui aurait plu à Jefferson Airplane ou Starship ( au choix).
La dernière du set ( était-ce 'Diorama' annoncé comme tête de liste?)  est interprétée tout en force et voit les têtes voisines  se balancer en mesure.

Bye, bye, on revient pour le merch.
Il a fallu insister un poil,  mais ils ont rappliqué  pour balancer le rock belliqueux ' Petites batailles'  qui a clôturé ce  concert feu d'artifice et   inspirant,  donné par un groupe qui va faire des étincelles au UK à partir du 9 mai.
 





lundi 6 mai 2024

Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024

 Simon Denizart et Yessaï Karapetian - Jazz ô Château - Château de Pommorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024

michel

Jazz ô Château a le chic de nous faire découvrir des pépites, mieux cachées que les perles dans les huîtres, pour ce second soir sous le chapiteau ( sold-out) ce sont  Simon Denizart et Yessaï Karapetian qui ont enchanté un public, à juste titre, enthousiaste.

 Simon Denizart quitte Créteil , son pont sur la Marne, peint par Cézanne, son champion du monde de boxe française, pour s'installer en 2011 à Montréal, où il grave cinq disques aux frontières du jazz,  du classique et de la  world music.

Son dernier effort, 'Piece of Mind' sent encore le talc.

Ce soir, le pianiste  est accompagné par une fine équipe:  le fabuleux Adriano Dos Santos  Tenorio ( un Brésilien installé en Europe)  aux percussions ( une panoplie phénoménale) / Michel Medrano Brindis, né à La Havane, installé au Québec, à la batterie ( si tu en doutais, jette un oeil à son T-shirt "I'm the drummer") / Julien Lafrenière ( Québec)   à la basse cinq cordes.

Pas de setlist en vue, ce qui ne facilite pas les choses pour le compte-rendu.

Une suite pour démarrer le gig, ' Music Box' et ' Piece of Mind', les deux pièces ouvrant le dernier CD.

Si le piano néo-classique joue un rôle important,  les acolytes de Simon  ne font pas de la figuration, loin de là, Adriano aux percussions attire l'attention en maniant avec dextérité clochettes, cymbales à main, une étonnante cymbale d'effet en spirale, des  congas, des agogôs, des chekerés, des  grelots, des  maracas,  des sonnettes et encore une dizaine de gadgets non identifiés.

Julien apporte le groove indispensable aux compositions et plus loin, Michel, qu' Antoine n'a pas réussi à mettre en cage,  se démène comme un lion enragé.

Tu peux accoler les étiquettes hybride, métissé, aventureux, post prog, visionnaire,   à ce jazz à la puissance évocatrice indéniable.

Difficile de tracer des points de comparaison: Weather Report, Return to Forever, le Keith Jarrett Trio , le Brad Mehldau Trio, peuvent être avancés.

' Love on the trail'  est amorcé par un piano lyrique, proche des compositions de Debussy, quand les autres rappliquent, la locomotive s'emballe pour nous conduire vers un final dramatique. 

De temps en temps,  Simon vient tripoter les entrailles du piano, dans lequel il a placé un micro pour produire des sons synthétiques.

Fingersnaps, suivis de one, two, three pour donner le signal de départ d'un morceau vif argent débordant d'écume, l'estran s'est déplacé jusqu'au coeur du bourg.

Pourquoi ' 9 - 4' a questionné la presse canadienne.

C'est simple,  le 94 c'est le Val-de-Marne dont il est originaire.

Vous ne le savez peut-être pas mais j'aurais pu opter pour la carrière de stand-up comedian, d'ailleurs ma prof de piano n'a pas voulu parier un kopeck sur mon avenir de pianiste, résultat je l'ai croisée  il y a peu, du coup  je lui ai vendu un album à 25€.

Comme les plages précédentes, cette dernière offre une structure complexe, bourrée de cassures et de reprises nerveuses.

Si le titre de la  pièce suivante n'a pas été  dévoilé, on peut te dire  qu'il s'agissait d'un morceau tendu  filant vers un paroxysme violent.

Le solo de  Michel Medrano Brindis a tenu la salle en haleine, le clin d'oeil final, où il s'est mis à chanter Guantanamera a beaucoup plu à Joe Dassin.

Après un rondo ponctué par un solo de basse aux sonorités caverneuses  vient l'instant pub,  puis la dernière plage du set, lente et concise,   '35 years of mistakes' et son intro symboliste.

Après les saluts et photos d'usage, le public, debout, exige un rappel,  un dernier morceau, tortueux, décoré d'effets électro viendra ponctuer un set en tous points remarquable.

Il y avait file à la table de merch où Simon dédicaçait  sa marchandise.

Après avoir démonté le matériel du néo-Québecois et  installé celui d'  Yessaï Karapetian, la pendule indique 22:35'.

 Yessaï Karapetian naît en Arménie, à Yerevan,  mais  cabote désormais entre Paris et New-York.

Le premier album du pianiste surdoué, 'Yessaï' paraît en 2022, un successeur 'Ker U Sus' voit le jour en 2023.

Ce soir, Yessaï est accompagné par  le jeune David Paycha à la batterie,  Damien Varaillon à la contrebasse et par un duo de flûtistes, venus en droite ligne de Yerevan: Norayr Gapoyan au duduk, pku ou zurna   et Avag Margaryan au blul ou zurna. 

 Comme pour le concert précédent, aucune setlist n'est visible. Encore plus contrariant pour décortiquer  le concert, Yessaï a pris le parti d'interpréter six pièces d'affilée sans mentionner un titre.

Ce qui paraissait assommant de prime abord, s'est avéré finalement logique, quand l'Orchestre Philharmonique de n'importe où s'attaque à la Symphonie n°2 de Sibelius, tu ne dois pas t'attendre à des pauses,  ni à une énumération de titres.  

Dans une atmosphère de recueillement, le pianiste secondé par la flûte arménienne, étouffée, d' Avag Margaryan entame le récital, lorsque la contrebasse, la batterie et Norayr Gapoyan entrent dans la danse, la composition prend de l'ampleur.

Puis tout se calme, le piano propose une broderie en points arméniens, le blul oblique s'infiltre dans ce jazz avant-garde pour y apporter des touches folkloriques, les drums et la contrebasse tapissant un fond rondo qu'on ne baptisera pas à la Turk,  pour ne pas heurter les sensibilités. 

Ce mariage de modernité et de traditions peut surprendre,  mais très vite le crâne adhère au propos et vibre en conséquence.

La première plage, méandreuse,  paraissait être arrivée à son terme, le piano l'avait mouchetée d'une morne  plainte,  bien aidé par le duduk de Norayr, tu t'attendais à un mot explicatif, nada!

Le voyage se poursuit sans aucun arrêt en gare, du coup,  ton esprit te renvoie des images du concert du Maria Schneider Orchestra à Brosella, c'était en 2008, là aussi les compositions allongées dépassaient les trente minutes.

Un nouveau mouvement, proche de l'univers de Michel Legrand est amorcé, frénésie et langueur se succèdent, tu jettes un oeil  autour de toi, personne ne s'est assoupi, l'attention est extrême, visiblement le voyage fascine.

45' se sont écoulées, le piano a repris la route pour proposer un requiem, rythmé par de timides coups de baguettes. Malgré le côté vaguement  intellectuel et désarmant   des compositions , elles engendrent un flot d' émotions diverses et permettent à ton cerveau de créer son propre film.

Après une heure de lecture musicale sans aucune pause, Yessaï se saisit du micro, annonce une danse arménienne ( Tamzara?)   et un invité: Adriano Dos Santos  Tenorio, comme celui-ci était dans le coin ( forcément il y a  75' il était sur la même scène),  il a accepté de se joindre  au quintet pour quelques titres dont cette fameuse danse.

Pour permettre à l'assistance d'admirer la dextérité du Brésilien aux congas, les flûtistes font un pas de côté. 

Le morceau virevoltant et propice à la méditation aurait pu inspirer les derviches tourneurs, car les Bretons, habitués à danser la gavotte, se sentaient un peu perdus.

Après les remerciements surtout destinés à la nouvelle présidente de l'association, Yessaï Karapetian propose une dernière tirade à l'amorce lugubre.

La marche funèbre, dans un second temps,  fera place à  une tarentelle débridée et exubérante, une ultime cassure et l'outro au piano viendront  achever un concert mémorable.

Malgré nos applaudissements nourris et nos suppliques, ils ne reviendront pas.

Il est minuit, le public quitte les lieux  en se promettant de revenir l'an prochain, car la programmation de Jazz ô Château  réserve toujours d'agréables surprises!



 



 

dimanche 5 mai 2024

Quartier Libre Trio - Jazz ô Jardin- Château de Pomorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024

 Quartier Libre Trio - Jazz ô Jardin- Château de Pomorio, Tréveneuc, le 4 mai 2024

michel

Adrien à 18h: et alors, on les ouvre les portes donnant accès au jardin, le concert de Quartier Libre est annoncé à 18 h, c'est pas sérieux!

Bérangère, une bénévole: pourquoi, tu flippes,  mon biquet?

Dès l'ouverture du guichet, les assoiffés se ruent vers la buvette, pas de panique le Morbihan  n'entrera en piste que plus tard.

Quartier Libre, ce sont trois musiciens, amoureux de swing manouche, ayant décidé de reprendre quelques pièces de l'héritage de Jean Reinhardt, appelez-moi Django, et de les interpréter lors de mariages, cocktails, soirées pyjama, surprise- parties ou sauteries après le boulot,  en échange de menue monnaie.

L'instigateur du plan a pour nom Michel Delacroix, un guitariste ayant oeuvré aux côtés d' Angelo Debarre.

  Fanch Philippe, toujours à la guitare sèche  et Franck Perais ( Trio Coquette) à la contrebasse, complètent l'équipe.

C'est parti avec une lead guitar, une pompe sans bière et une contrebasse, un peu lasse, elles  proposent ' Blue Drag' .

Comme au bal, le meneur crie ' changer', ce coup-ci Michel pompe et Fanch batifole, tout irait pour le mieux s'il n'y avait  ce léger grésillement émanant de la gratte du seul élément n'arborant pas une casquette.

Le très doué responsable de la sonorisation de la grande salle vient signaler  le désagrément au protagoniste qui tripote quelques boutons sur  une  table de mixage traînant dans un coin, tu te dis ' ça va aller, maintenant'.

Erreur funeste, la maladie est pernicieuse et le remède inefficient.

'I'm confessin'  ' adopte le même schéma d'alternance rythmique et solo, les ex-jeunes sont concentrés sur leur sujet, ce sont loin d'être des maladroits, même si la contrebasse reste fort en retrait, mais   les critch, critch, cratch  reviennent dès que Michel Delacroix pompe,et, comme une mesquine petite pluie s'est invitée sur la plaine, madame , revenue de chez le friseur, perd son calme, déjà  pas vraiment olympien.

Le trio continue à taquiner Django, en mode musette lors de  'What Is This Thing Called Love' de Cole Porter,  toujours altéré par des craquements intempestifs.

'Djangology', puis ' Douce ambiance' sont proposés, mais personne n'est venu vidanger les pompes.

Voici ' Nuages',  normal en Bretagne, sur le podium personne ne fait risette,ils sont plus sérieux que le Saint Pontife et poursuivent la lecture du catalogue manouche avec' It had to be you', suivi par un slow tzigane  pour lequel Franck a sorti un archet.

La guitare à sa droite toussotait, il  se met à grincer à son tour.

Madame: tu veux une bière, pour ne pas dire on se tire....

Yes ( c'est de l'anglais), grande idea ( c'est pas de l'anglais),  vais en profiter pour goûter aux coquilles !


A 60 mètres, les interférences ne sont pas audibles et le bruit de fond n'est pas désagréable, il facilite même la digestion. 

 

Quartier Libre, à  revoir lorsqu'un ingénieur  son s'occupera des  réglages.